L'école n'arrive pas à atténuer les inégalités dues à l'origine sociale ou culturelle : elle trie dès le plus jeune âge et, loin de combler ces inégalités, elle les aggrave. Le CESE a voulu montrer qu'une école de la réussite pour tous est possible. Il a mené plus de 200 auditions et rencontré des acteurs de l'éducation qui innovent. Dans une approche novatrice, il a fait participer à ses travaux des parents vivant dans la grande pauvreté, adoptant avec eux la démarche de "Croisement des savoirs". Ne laisser aucun élève au bord de la route, tel est le sens des préconisations ici. Le CESE souligne également l'importance d'ouvrir l'école aux parents, notamment à ceux qui en sont les plus éloignés, et met en avant des pédagogies coopératives.

Nous faisons le constat qu'un pourcentage important d'élèves n'atteignent pas les connaissances de base à la sortie de l'école primaire. Parallèlement, le classement de l'école française dans le palmarès de l'OCDE ne cesse de se détériorer. Il est important de rechercher les causes de ces difficultés et à partir de là de déterminer quelles pourraient être les conditions d'une meilleure réussite. L'analyse montre que les conditions sur lesquelles nous pouvons le mieux agir sont d'ordre pédagogique. Les enseignants se plaignent souvent en priorité de l'hétérogénéité de leur classe et, partant de là, considèrent que certains élèves ne pourront jamais réussir . Or le but de l'école est bien d'assurer l'apprentissage de tous les élèves et, pour l'école primaire, de poser les bases qui permettront que plus aucun élève ne sorte du système scolaire sans qualification, sans un minimum d'acquis lui permettant de poursuivre correctement ses études et de vivre en société dans de bonnes conditions. Il est donc important de définir ce qu'il faut entendre par réussite et de repenser notre mode d'évaluation des élèves, lequel privilégie encore souvent la notation, se limite fréquemment à l'évaluation sommative et a tendance à valoriser plus les échecs que les réussites. Ceci nécessite de porter un regard différent, au niveau de la société, sur l'enfant, la famille, l'école, le maître ; au niveau des éducateurs sur des concepts tels que l'hétérogénéïté, la polyvalence, l'interdisciplinarité, les effectifs, le redoublement, les cycles pédagogiques, les programmes... Ceci nécessite aussi : de se départir de certaines idées fausses ; d'analyser où se situent les responsabilités ; de repenser les modalités de formation tant initiale que continue, des enseignants ; de définir les outils (d'évaluation, de gestion et d'apprentissage) qui aideront l'enseignant à mener une pédagogie efficace, qui inciteront les enfants à apprendre et qui instaureront une relation maître-élève favorable à un apprentissage réussi de tous.

L’école d’aujourd’hui est désireuse d’être accueillante pour les enfants « différents ». Elle sait bâtir pour eux, avec leurs parents, avec les professionnels de santé, des projets personnalisés adaptés, efficaces. Cet ouvrage a l’ambition de faire partager à tous les acteurs de l’éducation et de l’enseignement la conviction de son auteur : c’est dans le dialogue et dans l’action débarrassés de tout a priori ségrégatif et d’exclusion que peuvent le mieux se réaliser les espérances légitimes des parents qui trop souvent vivent douloureusement la scolarité de leurs enfants revendiqués « comme les autres ». Cet ouvrage de pédagogie adaptée est aussi un message d’espoir.

Comment obtenir la participation active de tous les élèves dans une classe hétérogène ? Comment aider ceux qui ont encore besoin de progresser dans la maîtrise des savoirs de base (lire, écrire, parler, calculer) quand il faut « faire le programme » ? Comment soutenir les meilleurs et les mener à l’excellence, sans marginaliser ceux qui semblent refuser l’effort intellectuel ?Pour répondre à ce défi, Serge Boimare présente dans ce livre l’essence de son savoir pédagogique, fruit d’expérimentations réussies et d’observations, référence pour toute la communauté éducative depuis la parution de l’Enfant et la peur d’apprendre.Tout repose sur un principe simple : consacrer une heure journalière au nourrissage culturel et à l’entraînement à s’exprimer en partant des récits fondateurs de notre culture : moyen simple, efficace, recommandé par tous les programmes, pour mobiliser tous les élèves, quel que soit leur niveau – et première étape pour espérer la réussite de tous.