La responsabilité vis-à-vis de l'environnement et de la société ne se limite plus à envisager la seule action des firmes internationales. Tous les acteurs (citoyens, associations de consommateurs, ONG, PME, gouvernements, collectivités territoriales, syndicats, organismes internationaux, etc.) sont aujourd'hui amenés à s'exprimer sur le plan social et environnemental, à s'engager et à agir en conséquence. Voici une vue d'ensemble de la responsabilité sociale des acteurs qui favorisent l'émergence de nouvelles régulations.

"À l'ère de la mondialisation et de la crise écologique, la critiquerenouvelée du productivisme, du consumérisme et des inégalités internationales a ouvert un champ d'action à des formes inédites de mobilisation sociale et économique capables d'instrumentaliser les règles du marché au profit de causes associées au développement durable et à la responsabilité sociale des entreprises (RSE). La normalisation, la certification, la vérification, entre autres, se sont alors imposées dans un nouveau modèle d'encadrement des activités économiques qui laisse une grande place aux organisations non gouvernementales. La propagation rapide de ces pratiques, des firmes multinationales jusqu'aux communautés paysannes du Sud, exige qu'on se questionne sur leur institutionnalisation : à quoi ressemblera ce nouveau cadre de régulation? Va-t-il renforcer ou bien trahir sa prétention au développement durable et à la RSE? À quels principes doit-il sa légitimité? Ce livre, accessible aux citoyens intéressés, aux étudiants et aux gestionnaires, mais rédigé par des spécialistes, explore ces questions à travers quatorze études multidisciplinaires des nouvelles pratiques économiques se réclamant du développement durable et de la RSE."--Page 4 de la couverture

Cette thèse interroge l’ancrage de la RSE dans le pilotage des grandes entreprises ainsi que la dynamique de détermination de ses frontières, à partir de l’étude des pratiques de reddition sociale et environnementale d’un panel d’entreprises essentiellement françaises. Il ressort que la formalisation contemporaine de la RSE résulte d’une nouvelle régulation sociale en gestation, née d’une redéfinition progressive du lien entreprise-société. Questionnant ce lien, le concept de développement durable s’impose comme nouveau principe de légitimation de l’action. Véritable catalyseur général des intérêts discordants des acteurs, il tend à définir un partage négocié des risques (externalités sociales, économiques et environnementales). C’est alors à travers l’appréciation du renchérissement progressif du coût d’opportunité de l’inaction, lié à l’évolution de la norme collective de durabilité, que les entreprises tendent à recourir à des innovations sociales et environnementales susceptibles de conforter leur légitimité et leur profitabilité. De ce double impératif, visant à conforter la stratégie de pérennité de l’entreprise, sont déterminées les frontières évolutives, incertaines et continues de la RSE pour une entreprise donnée. In fine, le développement durable apparaît comme source d’une progressive mutation structurelle du capitalisme vers un inéluctable rapprochement de la Société.