Economie de plantation et dynamique urbaine dans le département de Soubré. Contrairement aux régions forestières du Sud-Est, de l'Est et du Centre-Est de la Côte d'Ivoire qui ont enregistré le développement de l'économie de plantation dans la décennie 1960-1970, celle du Sud-Ouest à laquelle appartient le département de Soubré, notre espace d'étude est restée en retard durant de longues années. En effet, le département dont l'économie était basée sur une agriculture de subsistance et les cultures d'exportation introduites pendant la colonisation (le binôme café-cacao), était caractérisé par un important sous-peuplement. Ainsi, dans le cadre de la politique de réduction des disparités régionales, des projets d'aménagement régionaux dont le projet ARSO (Autorité pour l'Aménagement de la Région du Sud-Ouest) ont été mis en oeuvre par l'Etat ivoirien. La réalisation de ce projet d'aménagement a déclenché la transformation de l'espace urbain départemental. La présente étude vise à montrer comment l'économie de plantation dans un pays en développement entraîne la dynamique démographique, économique et spatiale des villes notamment celles du département de Soubré.

L'agriculture de plantation en Côte-d'Ivoire forestière, dans son "modèle dominant" (caféiculture et cacaoculture extensives), commence à être bien connue. L'étude de la mutation de cette agriculture, dans une ancienne zone pionnière de basse-cote, souligne la dynamique de l'économie de la production agricole en Côte-d'Ivoire et apporte des éléments d'information sur une forme d'économie de plantation relativement méconnue. La situation concrète étudiée, sans préfigurer ce que sera l'agriculture à l'échelle de l'ensemble de la zone forestière à l'horizon 2000, représente une voie d'évolution possible. La mutation de l'économie agricole est appréhendée à travers l'évolution des systèmes de culture, de production et d'exploitation. . Disparition du caféier et du cacaoyer, développement des cultures sélectionnées : palmier à huile, cocotier, hévéa, ananas ; évolution des cultures vivrières pratiquées et des modalités de leur combinaison spatiale et temporelle avec les cultures arborées.. Monétarisation des coûts de production et intensification de la production, à des degrés variables selon les cultures adoptées par les unités de production. . Valorisation monétaire de la terre (transactions foncières, locations), évolution des formes de rémunération de la main-d'œuvre salariée : apparition d'un groupe de producteurs sans terre et d'un groupe de planteurs absentéistes ; développement d'une agriculture contractuelle liant les unités de production à des complexes agro-industriels. Deux éléments déterminants contribuent à expliquer cette mutation : d'une part, l'épuisement des réserves forestières ; d'autre part, l'apparition d'opportunités de diversification des cultures, liée principalement à l'intervention, dans la région, de sociétés de développement.