L'essai fondateur d'Ali ABDERRAZIQ sur la nature de l'autorité politique dans le monde islamique a suscité lors de sa parution en 1925 des polémiques enflammées dans la presse et l'élite intellectuelle égyptienne, et entraîné la condamnation temporaire de son auteur par ses pairs, les oulémas d'Al-Azhar. Théologien et juriste reconnu, Ali ABDERRAZIQ y prône une séparation radicale du spirituel et du temporel : il montre que le Prophète est un guide spirituel et non un roi de ce monde. Ses préceptes pour le gouvernement des hommes n'impliquent en rien les fondements d'un "Etat islamique " qui n'a jamais existé, pas même aux premiers temps de l'Umma. Aucun principe religieux n'interdit donc aux musulmans d'édifier leur Etat et leur société sur la base des dernières créations de la raison humaine et des systèmes politiques que l'expérience des nations a désigné comme étant parmi les meilleurs. L'œuvre pionnière d'Ali ABDERRAZIQ, qui a suscité des dizaines de commentaires et de réfutations depuis près de soixante-dix ans, reste par la tranquille radicalité de son propos un moment indépassé de la pensée réformiste islamique et un outil indispensable pour penser aujourd'hui les rapports entre la Loi, le pouvoir et le religieux dans le monde arabe et musulman.

Les rapports entre le politique et le religieux occupent une place très importante dans le domaine de la recherche. Pour les pays occidentaux la sphère politique et religieuse est bien distincte. En terre d'islam, le couple religion-islam va couvrir l'espace de vie dans sa totalité, l'Islam est source du politique, c'est-à-dire la vie d'ici bas et du spirituel, une confusion qui fait que les musulmans jusqu'à nos jours n'ont toujours par résolu l'équation sphère politique et sphère religieuse. Tout au long de l'histoire islamique les califats jaloux de leurs prérogatives, vont tout faire pour affirmer leur légitimité et leur domination, une pratique qui va créer dans l'imaginaire musulman un repère sur l'art de la gouvernance, plus tard un exemple à suivre. En 1925 un 'Alim va marquer une rupture avec la confusion du politique et de la religion, proposant une séparation entre les deux et la recherche d'une nouvelle science politique, celle qui se base sur la raison. Notre travail de recherche a comme point de départ l'ouvrage polémique d'Ali Abderraziq, L'islam et les fondements du pouvoir, nous avons voulu remettre au goût du jour les thèses avancées dans cet ouvrage que Abdou FILALI-ANSARY qualifie de traité décisif sur une question majeure et délicate, celle des rapports entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Nous nous sommes intéressés dans ce travail aux rapports entre les deux pouvoirs dans les moments fondateurs de la pensée islamique, à savoir la période prophétique, celle des califes et le monde d'aujourd'hui. La période de naissance de la umma fut celle de propagation du message divin mais aussi création d'une communauté, qui va vite, par un acte naturel chercher à s'unir autour d'un chef une fois que Mohamed n'est plus de ce monde. De ce fait La question de la succession va rythmer la vie politique dans le monde musulman, et souvent c'est dans le sang que les conflits vont être résolus. Nous avons tenté d'approcher les liens entre les deux pouvoirs. Pour finir nous nous sommes intéressé au retour du discours islamique.

The translation of an essay first published in Egypt in 1925, which took the contemporaries of its author by storm. At a time when the Muslim world was in great turmoil over the question of the abolition of the caliphate by Mustapha Kamal Ataturk in Turke

Embrassant le défi de la compréhension de l'islam en contexte autour de l'altérité et des normes, l'ouvrage est original à trois égards. Tout d'abord, par son approche trans-historique, où passés et présents sont intimement inter-reliés, éclairant des phénomènes contemporains à travers leurs enracinement et genèse historiques et en mettant en évidence des phénomènes passés dans la perspective, voire la prospective, d'enjeux contemporains. Ensuite, par son approche trans-religieuse et trans-civilisationnelle (en l'occurrence islamo-chrétienne) dans plusieurs chapitres, pour aborder l'islam, dans ses rapports avec les minorités et en tant que minorité lui-même en contexte européen, et, de manière comparée, avec le christianisme: une approche permettant par « expérience-miroir » de contextualiser l'islam, souvent prisonnier de prismes essentialisants. Enfin, l'ouvrage apporte, dans une perspective pluri- et inter-disciplinaire, un état des lieux de l'apport des diverses disciplines qui l'embrassent, à la pointe des connaissances des sciences humaines et sociales de 21e siècle.

In recent years, Islamic fundamentalist, revolutionary, and jihadist movements have overshadowed more moderate and reformist voices and trends within Islam. This compelling volume introduces the current generation of reformist thinkers and activists, the intellectual traditions they carry on, and the reasons for the failure of reformist movements to sustain broad support in the Islamic world today. Richly detailed regionally focused chapters cover Iran, the Arab East, the Maghreb, South Asia, Indonesia, Malaysia, Turkey, Europe, and North America. The editor's introductory chapter traces the roots of reformist thinking both in Islamic tradition and as a response to the challenge of modernity for Muslims struggling to reconcile the requirements of modernization with their cultural and religious values. The concluding chapter identifies commonalities, comparisons, and trends in the modernizing movements.