Suite à une prise de conscience internationale au travers notamment des conférences mondiales des Nations-Unies sur les femmes, marqué par le tournant de la Conférence de Pékin en 1995, la question des violences conjugales à l’égard de femmes dans l’Union européenne et de son éradication se pose comme un enjeu de société actuel et complexe. Cette prise de conscience européenne s’opère plus spécifiquement à partir la fin des années 90 et concerne l’ensemble des instances européennes notamment à travers les travaux de l’UE, du Conseil de l’Europe (lensemble des pays de l’UE étant membres du Conseil de l’Europe) et du Lobby Européen des Femmes. Un des outils les plus importants mis en oeuvre au niveau l’Union européenne en 1997, le programme Daphné, fait clairement état d’une approche pluridisciplinaire dans une perspective européenne. L’ensemble de ces travaux nécessite au préalable une étude approfondie de l’ampleur du phénomène, de son périmètre et de ses causes profondes reliées à une violence de genre afin de permettre une analyse critique des politiques européennes et nationales de lutte mises en oeuvre. Cette approche permettra de s’interroger à travers une dimension sociopolitique sur l’importance des politiques pluridisciplinaires et sur la possibilité et la pertinence d’une harmonisation européenne des politiques et législations pour lutter efficacement contre ce fléau de grande ampleur.

La Violence against women EU-wide survey est la première étude sur la violence conjugale (VC} conduite à l'échelle européenne. Nous estimons ici la prévalence des VC physiques, sexuelles et psychologiques ainsi que leurs combinaisons chez les femmes européennes en population générale et en recherchons les déterminants. Des entretiens ont été réalisés aléatoirement par l'European Union Agency for Fundamental Rights au domicile de 42002 femmes de 18 à 7 4 ans. La VC était définie comme la réponse positive à au moins une question sur un type de VC perpétrée par le partenaire, ex ou actuel. Les associations entre VC et caractéristiques des participantes ont été obtenues par régressions logistiques. Parmi les femmes ayant déjà été en couple, 51. 7 % (IC95 % 51.2-52.2) déclaraient avoir déjà subi au moins une forme de VC. Celle-ci était uniquement physique ou sexuelle dans moins de 1.0 % des cas. Les femmes ayant un emploi, une profession intellectuelle supérieure, cadres, ayant au moins un parent immigré, cohabitant avec leur partenaire, séparées, divorcées, veuves, percevant moins bien leur santé, ayant été victimes de violence avant 15 ans, dont le partenaire était retraité, au foyer, manageur, dont les revenus étaient inférieurs au leurs, engagé dans la relation depuis moins de 10 ans, ivre plus d'une fois par semaine ou violent en dehors de la famille déclaraient plus de VC. La prévalence de la VC européenne vie entière est élevée et probablement sous-estimée. Les résultats soulignent de nombreuses différences liées au statut socio-économique.