L'élevage des bovins allaitants biologiques progresse ces dernières années en France et le vétérinaire a un rôle à y jouer, tout en sachant que le cahier des charges de cette production implique une démarche thérapeutique particulière, privilégiant notamment l'utilisation des médecines alternatives comme la phytothérapie, l'aromathérapie et l'homéopathie. J'ai ainsi rédigé, après une brève présentation de ces principales médecines alternatives, un guide thérapeutique pour les grandes affections rencontrées en élevage allaitant. Puis j'ai également mené une enquête de terrain dans mon département de Haute-Saône afin d'interroger des éleveurs biologiques allaitants sur leurs motivations à se convertir à ce mode de production et sur leurs difficultés concernant le respect du cahier des charges et la maîtrise de la santé de leurs animaux. Le dernier volet de mon questionnaire a pour objectif d'envisager la place du vétérinaire au sein de ces élevages biologiques. Les résultats obtenus ne sont à interpréter qu'à l'échelle de mon échantillon de 19 éleveurs, car l'existence de certains biais m'interdit d'inférer ces conclusions à l'ensemble des éleveurs de bovins allaitants biologiques du département. La préservation de l'environnement est une des raisons qui a motivé près de trois quarts (74 %) des éleveurs interrogés à se convertir au mode de production biologique. Remarquons que l'amélioration du bien-être et de la santé des animaux est une motivation citée par moins de la moitié (47 %) des éleveurs de l'échantillon. Près de neuf éleveurs sur dix sont globalement satisfaits de leur conversion à l'élevage biologique. Concernant les difficultés rencontrées, la maîtrise de la santé des animaux pose problème pour un quart (26 %) des éleveurs interrogés et les maladies les plus fréquemment rencontrées sont les diarrhées néonatales (citées par 47 % des interrogés), les troubles respiratoires chez les jeunes (cités par 42 % des interrogés) et le parasitisme (cité par 37 % des interrogés). Remarquons que 37 % des éleveurs interrogés affirment ne pas rencontrer de problème particulier. Plus de la moitié des éleveurs de l'échantillon (53 %) considèrent que la situation sanitaire de leur troupeau s'est améliorée depuis leur conversion au biologique. Concernant l'efficacité curative des médecines alternatives, l'avis des éleveurs est assez mitigé : 47 % sont globalement convaincus de leur efficacité alors que 32 % ne le sont pas. Un quart des éleveurs (26 %) appelle moins souvent son vétérinaire depuis sa conversion au biologique. Pour 62 % des éleveurs, le vétérinaire est le principal partenaire de leur élevage. Concernant le motif d'appel le plus fréquent du vétérinaire, il s'agit d'un acte ponctuel (césarienne, retournement de matrice...) pour 37 % des éleveurs et d'une maladie touchant un seul animal pour 26 % d'entre eux. Vingt et un pour cent des éleveurs interrogés ne voient leur vétérinaire qu'à l'occasion de la prophylaxie. Le degré de satisfaction de l'implication du vétérinaire est très variable : alors que 42 % des éleveurs sont satisfaits de leur vétérinaire, 52 % n'en sont pas satisfaits.

L'agriculture biologique ne cesse de progresser en France depuis quelques années. L'élevage bovin allaitant biologique ne représente que 3,5 % du cheptel national fin 2015 ; mais il est important pour le vétérinaire intervenant dans les élevages biologiques de connaître ce mode de production et la réglementation européenne à laquelle sont soumis les éleveurs. Peu d'études ont porté sur l'élevage bovin allaitant et les pratiques des éleveurs biologiques sont encore peu connues. Ce constat a motivé la réalisation d'une enquête auprès d'éleveurs biologiques et conventionnels de la Creuse et de l'Indre. Le but de ce travail était de savoir si la conduite d'élevage, les dominantes pathologiques et les pratiques sanitaires différaient selon le mode de production et de connaître le ressenti des éleveurs sur les changements induits par la conversion vers l'agriculture biologique. Trente et un éleveurs biologiques (AB) et 20 éleveurs conventionnels (AC) ont répondu, lors d'un entretien, à notre questionnaire portant sur leurs conduites, leurs pratiques sanitaires, les maladies touchant l'élevage et les traitements vétérinaires. Les dominantes pathologiques et le niveau sanitaire ne varient pas selon le mode de production. Les principales différences concernent la conduite alimentaire avec une autonomie plus élevée chez les éleveurs biologiques (71 % des éleveurs AB versus 10 % des éleveurs AC), et les choix génétiques portés avant tout sur les critères fonctionnels en élevage biologique (75 % en AB versus 30 % en AC). Les éleveurs biologiques se distinguent des éleveurs conventionnels par leur moindre recours aux vaccins (29 % en AB versus 60 % en AC) et aux antiparasitaires allopathiques systématiques (21o% en AB versus 85 % en AC). La gestion du risque parasitaire repose sur une grande attention accordée au pâturage (71 % en AB versus 35 % en AC). Le recours aux médecines complémentaires est fréquent (79 % en AB versus 40 % en AC). 38% des éleveurs en AB plébiscitent la proposition de certaines solutions complémentaires par leur vétérinaire. La conversion ne présente pas de difficultés pour plus de la moitié des éleveurs (55 %) Les principaux changements observés concernent l'assolement (pour 68 % des éleveurs) avec la mise en place de cultures permettant d'atteindre l'autonomie alimentaire et l'adoption d'une vision globale de la santé du troupeau (pour 52 % des éleveurs) avec la mise en place de mesures préventives.

Cette étude qualitative donne une caractérisation de l'activité du vétérinaire au cours d'une visite de Bilan Sanitaire d'Elevage (BSE), en élevage bovin laitier biologique. Elle se construit sur l'analyse des vidéos de 3 duos vétérinaire-éleveur en situation de visite de BSE, de leurs commentaires à chaud, et de vidéos d'auto-confrontation. Une grille d'analyse est construite afin de mettre en lumière les objectifs des vétérinaires, les dilemmes qu'ils rencontrent et leurs décisions en fonction de leurs principes directeurs. Nos résultats montrent les implications concrètes des différents dilemmes rencontrés par le vétérinaire au cours de cette visite comme, entre autres, concilier une posture d'évaluateur et de partenaire, produire un travail efficace dans un temps limité ou accéder à des données appartenant à l'éleveur. Les choix effectués face à ces dilemmes se traduisent en situation par des micro-décisions instantanées et continuelles. Ils s'appuient sur des postulats qui influencent la nature des activités menées. Parmi eux, nous distinguons la nécessité de soigner l'argumentation, celle de promouvoir la contractualisation ou encore l'importance du rôle de formateur du vétérinaire. Cette conduite d'activité se traduit par la mobilisation simultanée d'une grande diversité de compétences opérationnelles, relationnelles ou stratégiques. Cette analyse de l'activité, ouvre alors des perspectives pour la formation vétérinaire. D'une part au sujet des compétences nécessaires pour l'accès aux données, en communication clinique ou pour l'instauration d'un partenariat. Et d'autre part sur l'articulation de ces compétences et les mécanismes de prise de décision dans l'action.

L'agriculture biologique trouve ses origines dans les théories de R. Steiner et de Sir A. Howard. Longtemps considérée comme marginale en France, l'agriculture biologique est officiellement reconnue depuis 1980. L'agriculture biologique est un système global de production (animale et végétale) qui limite très fortement l'utilisation de produits chimiques de synthèse et préfère l'emploi de méthodes naturelles. L'agrobiologie a connu depuis le début des années 90 une très forte croissance dans toutes les productions, et notamment en élevage bovin laitier. L'agriculture biologique est réglementée par un cahier des charges européen (REPAB). En France les producteurs biologiques sont soumis à une réglementation plus stricte sur certains aspects. Une étude bibliographique sur les élevages bovins laitiers biologiques et une enquête menée dans 8 élevages en région Midi-Pyrénées et Aquitaine permettent de faire le point sur la gestion zootechnique et sanitaire de ces élevages. Les éleveurs gèrent leur troupeau de manière extensive, ils recherchent à auto-produire l'alimentation de leur troupeau, privilégiant les fourrages. La production laitière est inférieure à celle observée en élevages conventionnels. Les pathologies mammaires sont les problèmes sanitaires que les éleveurs ont le plus de difficultés à résoudre. La réglementation interdit les traitements allopathiques préventifs systématiques et limite à deux le nombre d'intervention allopathiques par vache et par an. Les éleveurs utilisent des traitements alternatifs en première intention, mais il ont recours à l'allopathie notamment pour les problèmes de mammites. Les éleveurs attendent de leurs vétérinaires des compétences en médecine alternatives et une plus grande ouverture d'esprit face à ce mode d'élevage.

Le vétérinaire est rarement sollicité par les éleveurs allaitants pour parler de la reproduction globale du troupeau. Pourtant, l'impact de la fécondité sur la rentabilité des élevages allaitants est très important. Si le suivi de reproduction est un service bien développé en élevage laitier, il est beaucoup plus rare en élevage allaitant. En tenant compte des spécificités et des contraintes de chaque élevage, en particulier de la conduite d'élevage et des possibilités de contention, il est possible de proposer aux élevages allaitants un service de suivi de reproduction. Des visites régulières permettent de détecter et de traiter précocement les endométrites et l'anœstrus postpartum, de réaliser des diagnostics de gestation précoces, de vérifier la fertilité des taureaux et de contrôler la ration alimentaire. L'objectif du suivi sera de détecter puis de corriger les défauts de conduite d'élevage et d'identifier les vaches à problèmes afin de proposer les solutions adaptées.