Cette étude qualitative donne une caractérisation de l'activité du vétérinaire au cours d'une visite de Bilan Sanitaire d'Elevage (BSE), en élevage bovin laitier biologique. Elle se construit sur l'analyse des vidéos de 3 duos vétérinaire-éleveur en situation de visite de BSE, de leurs commentaires à chaud, et de vidéos d'auto-confrontation. Une grille d'analyse est construite afin de mettre en lumière les objectifs des vétérinaires, les dilemmes qu'ils rencontrent et leurs décisions en fonction de leurs principes directeurs. Nos résultats montrent les implications concrètes des différents dilemmes rencontrés par le vétérinaire au cours de cette visite comme, entre autres, concilier une posture d'évaluateur et de partenaire, produire un travail efficace dans un temps limité ou accéder à des données appartenant à l'éleveur. Les choix effectués face à ces dilemmes se traduisent en situation par des micro-décisions instantanées et continuelles. Ils s'appuient sur des postulats qui influencent la nature des activités menées. Parmi eux, nous distinguons la nécessité de soigner l'argumentation, celle de promouvoir la contractualisation ou encore l'importance du rôle de formateur du vétérinaire. Cette conduite d'activité se traduit par la mobilisation simultanée d'une grande diversité de compétences opérationnelles, relationnelles ou stratégiques. Cette analyse de l'activité, ouvre alors des perspectives pour la formation vétérinaire. D'une part au sujet des compétences nécessaires pour l'accès aux données, en communication clinique ou pour l'instauration d'un partenariat. Et d'autre part sur l'articulation de ces compétences et les mécanismes de prise de décision dans l'action.

Cette étude exploratoire présente un état des lieux du Bilan Sanitaire d'Élevage (BSE) tel qu'il est actuellement réalisé sur le terrain en élevage bovin laitier biologique, et vise à établir s'il répond ou non aux attentes des vétérinaires, des éleveurs et de la réglementation. Ce projet combine les résultats de questionnaires envoyés à 17 vétérinaires et 27 éleveurs laitiers biologiques, et l'étude vidéo de 3 BSE filmés sur le terrain puis commentés « à chaud » par les éleveurs et vétérinaires participants. Il ressort de l'analyse des résultats que le BSE ne satisfait pas toutes les attentes des trois parties. Le manque d'utilisation du protocole de soins et des critères d'alerte par les éleveurs est déploré par les vétérinaires, tout comme l'aspect chronophage de cette visite, inclue dans un contexte compliqué de rémunération du conseil. Les éleveurs ne perçoivent pas l'utilité du BSE et la réglementation n'est pas toujours respectée concernant le manque de valorisation de la prévention, les visites trop éparses du troupeau durant le BSE et de suivi par la suite, la garantie du bien-être animal et la maîtrise de la délivrance au comptoir à travers le faible usage des critères d'alerte. Néanmoins, le BSE est satisfaisant en terme de relation entre vétérinaire et éleveur, d'adaptation à la production biologique, de placements stratégiques vétérinaires et de perception du protocole de soins. Il répond aux attentes réglementaires actuelles liées à la gestion de l'antibiorésistance. Cette étude présente donc les premiers constats sur la visite du BSE en élevage bovin laitier biologique qui pourront former une base de réflexion pour une optimisation de ce rendez-vous annuel.

Le suivi sanitaire des élevages d'animaux de production en France est complexe et dense. Il se décline à plusieurs niveaux (national, régional, départemental...) et associe des représentants de nombreuses professions du monde de l'élevage. Notre travail avait pour but d'évaluer les connaissances des éleveurs et leur perception du suivi sanitaire actuellement en place dans nos élevages Français, et de constater ainsi la présence éventuelle de difficultés ou lacunes. Pour cela, notre enquête a porté sur un panel d'éleveurs de bovins allaitants de la Nièvre, interrogés entre mars et juillet 2016, lors de rencontres sur leur exploitation. Trente-cinq élevages de la Nièvre ont ainsi répondu à notre questionnaire, soit 2 % des élevages de bovins allaitants du département. Pour ces derniers, il apparait que les bases du suivi sanitaire sont présentes mais incomplètes et les confusions évidentes. Le vétérinaire reste pour les éleveurs le principal acteur du suivi sanitaire à leurs côtés. Il est accompagné par le GDS, sollicité pour le conseil, et les coopératives, proposant de nombreux services. La DD(CS)PP est en retrait et a plutôt une connotation négative voire répressive, car souvent sollicitée lors de graves problèmes sanitaires. Le Bilan Sanitaire d'Élevage (BSE) et la Visite Sanitaire Bovine (VSB) sont les principaux outils du suivi cités mais sont également confondus, ceci étant probablement lié à leur réalisation simultanée. Le carnet sanitaire est en majorité bien tenu, mais reste considéré comme une contrainte pour l'éleveur, en raison de son caractère chronophage. Les réponses recueillies laissent envisager qu'une marge de progression de la part des acteurs et des éleveurs est possible. Cependant, la diversité des profils d'éleveurs rencontrés entraine une diversité de réponses et d'attentes concernant le suivi sanitaire. La marge de progression envisagée ne sera donc pas facile à mettre en place, tout en contentant un maximum d'éleveurs. Une meilleure communication et cohésion de la part des acteurs est attendue pour parfaire l'organisation en place actuellement.