Il n'y a pas de gestion des ressources humaines sans évaluation des compétences des individus. Or, ce que chacun est susceptible de mettre sous les termes évaluation et compétences est rarement identifiable. En posant le problème de l'évaluation des compétences à l'articulation entre le savoir et le pouvoir, les auteurs ont situé leur questionnement sur les concepts et les pratiques au carrefour des sciences humaines : psychologie, sociologie et sciences de la formation notamment. Mais si l'évaluation des compétences concerne aujourd'hui un nombre croissant d'acteurs et de circonstances, elle se conçoit difficilement comme une pratique magique, réductible à des procédures standard, dont l'emploi serait suffisant pour s'imposer aux individus et aux organisations, et servir efficacement les impératifs de gestion. En revanche, lorsqu'elle est considérée comme un moyen d'explication des perspectives de développement des entreprises et de gestion du parcours social et professionnel des individus, elle peut devenir un élément régulateur des évolutions en jeu et des prises de décisions raisonnées.

Pourquoi un livre sur les compétences ? Parce que l'objet de recherche principal, les professionnalisations, rejoint la notion de compétences par le fait même qu'il ne peut y avoir analyse des processus de professionnalisation sans analyse des formations, des savoirs, des connaissances et des compétences qui sous-tendent les métiers et les professions. Par ailleurs, la notion de compétences est multiple (quant à sa signification, son contenu, les outils d'évaluation et de mesure).

Le terme de compétences tend aujourd'hui à s'imposer dans les discours tenus sur l'Ecole ou sur les entreprises. La fréquence d'usage de ce terme, éminemment polysémique, obéit-elle à un simple mouvement de mode ou traduit-elle des changements significatifs dans ces différents lieux ? C'est à l'examen de ces questions qu'est consacré cet ouvrage réalisé par un collectif de chercheurs à partir d'approches différentes. Sociologues de l'éducation et du travail, didacticiens, tentent ici d'identifier le sens des changements qui s'opèrent en matière d'élaboration des contenus d'enseignement mais aussi de codification du travail dans les entreprises.

La 4e de couv. indique : "La définition duale de la compétence et ses conséquences pratiques. Pouvoir compter sur des professionnels compétents est une demande sociale croissante. Guy Le Boterf montre comment les « approches par compétences » ou les projets d'investissement dans les compétences doivent, pour répondre à cette demande, faire la différence entre avoir des compétences et être compétent. Avoir des compétences est une condition nécessaire mais non suffisante pour être compétent. Sur la base de cette distinction et s'inspirant de la dualité en physique quantique, Guy Le Boterf expose sa définition duale de la compétence : selon le point de vue adopté elle peut être définie comme une ressource à mobiliser ou comme un processus à mettre en œuvre. Cette définition permet de répondre de façon pratique à des questions essentielles et d'actualité : comment élaborer des parcours personnalisés et concertés de formation professionnalisante ? Comment réussir des projets d'investissement dans les compétences ? Comment reconnaître et évaluer qu'un professionnel est compétent ?"